"Je compte jusqu'à 3"est encore une technique souvent utilisée par les parents et même parfois par les professionnels. Mais pourquoi cela ne fonctionne pas ? Même en ralentissant le débit de parole, l'adulte arrive à 3 sans que l'enfant ne réagisse.
Il arrive même que les 3 secondes se transforment en 6 ou 7 secondes, le parent ajoute des valeurs : "1-1,5 - 2- 2,5..."
Et à 3 ... que se passe-t'il ?
Bien souvent, le parent utilise cette méthode de manière impulsive sans réfléchir à la conséquence : Que va-t-il bien se passer après ce fameux 3 ? Vous est-il déjà arrivé de compter jusqu'à trois, doucement, en articulant, en mettant des pauses comme pour mettre une intensité dramatique afin d'obtenir un brin d'obéissance ?
Alors 3, que faites-vous ?
A. Vous mangez son yaourt au chocolat ?
B. Vous baissez les bras ?
C. Vous mettez à la poubelle tous ses jouets qui trainent par terre ?
Voici les écueils possibles :
1. Vous risquez d'imposer une conséquence illogique ou démesurée à l'enfant
2. Vous n'arrivez pas à imposer ce que vous venez de dire et vous laissez un peu plus de temps à l'enfant
3. Vous n'avez pas l'énergie nécessaire pour appliquer la conséquence jusqu'au bout
4. C'est une méthode de conditionnement : l'enfant obéit par habitude ou par peur de la punition
5. Vous terminez en négociation ou en chantage : "Si tu ne fais pas ça... tu n'auras pas ça"
6. Vous menacez, vous entrez dans un rapport de forces
7. Finalement vous laissez une dernière chance à l'enfant et vous vous décrédibilisez en ne tenant pas vos paroles.
Alors comment encourager les comportements adaptés ?
1. En valorisant tous les petits pas dans la bonne direction :
"votre enfant vient de ramasser un jeu, c'est peut-être le premier d'une longue série ?"
"Il a enfilé une chaussette ? Il lui reste la deuxième à trouver !"
"Il arrête de courir en traversant le salon : il est capable de marcher !"...
2. En donnant une seule consigne ultra-simple :
"Au lit", "C'est l'heure de passer à table", "Pyjama, merci !"...
3. En accordant aussi plus de temps :
Le temps de l'enfant n'est pas celui du parent, il a besoin d'un peu de temps pour arrêter son jeu ? Il s'habille lentement ? Il hésite et tâtonne ? Anticipez et laissez lui 5 minutes supplémentaires.
Attendez également en comptant jusqu'à 30 dans votre tête avant de reformuler votre consigne : la plupart des parents répètent en boucle alors qu'en patientant quelques instants... l'enfant va finalement réagir.
4. En annonçant : "Ce qui va suivre":
"Lorsque tu auras mis ta veste nous irons faire du toboggan", "Après le repas, nous lirons une histoire"..
5. En utilisant le jeu :
Demandez à l'enfant de battre un recors de rapidité contre vous. Vous pouvez ranger la chambre le temps d'une chanson, montrer le chiffre 5 sur la pendule, mettre un chronomètre ou un minuteur de cuisine le temps d'enfiler les chaussures...
6. En utilisant l'imaginaire ou l'humour :
"Si seulement j'avais une baguette magique, ta chambre serait rangée en un clin d'oeil"
"J'attache ton doudou à ta place dans le siège auto ?"
"Ta chambre est un vrai parcours du combattant, nous pouvons tourner un jeu de télé-réalité"
"Game over, ton temps s'est écoulé, tu as malheureusement perdu, veux-tu une seconde chance ? "
L'humour doit toujours rester bienveillant et jamais être cynique ou moqueur.
7. En ayant des attentes claires et précises :
Prévenez l'enfant de ce qui va se passer : "Nous allons faire deux tours de manège puis tu descendras"
Posez lui des questions pour vous assurer qu'il ait bien compris ce que vous souhaitez : "Qu'allons-nous faire ?" ; "Tu vas pouvoir faire combien te tours ?" ; "Montre moi 2 avec tes doigts" ; "Lorsque je te dirais que c'est terminé que vas-tu faire ?"
Posez les questions, ne répondez pas à ses éventuelles négociations : "Et non, il n'y aura pas 3 tours de manège, c'est 2 ou rien !" Tenez -vous en à ce que vous avez annoncé.
8. En proposant un choix réduit entre deux solutions :
"Préfères-tu mettre ton pull rouge ou bien le bleu ?"
"Tu as le droit de t'amuser près de moi ou d'aller jouer aux dinosaures avec ton frère, que choisis-tu ?"
9. En le questionnant :
"Tes chaussures sont pleines de boue... que peux-tu faire avant de le rentrer dans la maison ?"
10. En félicitant de manière objective :
"Tu t'es souvenu de ma consigne" ; "J'apprécie que tu ne râles pas cette fois-ci" ; "Tu as fait des efforts pour t'habiller un peu plus vite ce matin" "Je n'ai pas eu besoin de te rappeler que c'était l'heure de faire tes devoirs, tu deviens autonome"...
N'attendez pas pour tenter quelques alternatives... Allez, je compte jusqu'à 3 !
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