Lorsqu’un enfant tape son frère, bouscule un petit copain, notre première réaction, sous le coup de la colère, est d’exiger de lui le fameux “ Dis lui pardon ”. Lorsqu’il s’y refuse, le conflit s’installe !
Apprendre à reconnaître ses torts et
présenter des excuses fait partie de l'éducation, mais un "Pardon" lancé à contre coeur ou sous la menace des parents ne représente aucun intérêt.
Avant trois ans, l'enfant ne comprend bien souvent pas pourquoi il est grondé : il vient de descendre le toboggan et de rentrer dans la petite fille ... mais il n'est pas encore capable d'attendre son tour, de descendre en maitrisant la pente... Il va répéter "Pardon" mais risque de recommencer aussitôt.
Prononcer le mot "Pardon" signifie reconnaître sa responsabilité et avoir pris conscience que son acte n'était pas correct ou permis.
On fait un pas vers l’autre en lui disant : "J’ai mal agi et je le regrette. Ce n’était pas volontaire, veux-tu encore jouer avec moi ? ". Le pardon est un mot qui a du pouvoir, à condition de l’employer à bon escient pour ne pas qu’il devienne une formule utilisée rapidement.
Pourquoi "dire pardon"?
Dire pardon n'est pas une simple formule de politesse ou formule magique qui efface tout en une seconde !
Présenter ses excuses c'est avant tout comprendre ce qui s'est passé : pour soi et pour l'autre.
C'est l'occasion de s'arrêter et de réfléchir, de dire ce que l'on a sur le coeur pour ne pas accumuler de la rivalité ou de la rancoeur.
Dire pardon c'est aussi un moyen de réparer et d'enlever le poids de la culpabilité.
C'est permettre à l'enfant de réfléchir aux conséquences de son geste : "J'ai fait un bleu sur la joue de mon frère en le tapant avec le bâton". Le coup physique ou moral fait mal. Pardonner c'est aussi pouvoir se mettre à la place de celui qui a reçu le coup et comprendre les conséquences de son acte même s'il n'était pas volontaire".
Apprendre à l'enfant à s'excuser s'est aussi développer ses habilités sociales, lui apprendre l'empathie et comment construire et préserver les liens avec les autres.
Le pardon ne doit pas rabaisser l'enfant, ni l'humilier !
Pourquoi ne veut-il pas demander pardon ?
Confronté à son acte, pris en "flagrant délit", l'enfant se sent mal et il peut se braquer. Refuser de reconnaitre ses tords, accuser l'autre, minimiser ce qui vient de se passer.
Le plus souvent, il n'est pas en mesure d'entendre et de comprendre ce que vous lui dites. Les émotions sont alors trop fortes pour qu'il puisse réfléchir et discerner : se mêle la honte, l'incompréhension, l'humiliation, la colère...
Les excuses immédiates sont alors improductives voire contreproductives.
L'enfant forcé ou menacé demande rapidement pardon car il craint la punition.
Il faut se demander "Quel est l'intérêt du pardon ?" Que cherchez-vous à obtenir ? Le repentir de l'enfant ou la compréhension de la consigne ?
Lui apprendre l'empathie... et le pardon sincère
Lorsque l'enfant est rempli par les émotions, le côté du cerveau de la raison ne peut plus fonctionner. Il faut donc attendre que le calme soit revenu pour aborder avec lui la situation.
1. Discuter avec son enfant en commençant par relativiser : "Tout le monde fait des erreurs", "Tu n'as pas fait exprès", "Tu ne connaissais pas toutes les conséquences de ton acte", "J'ai vu que tu étais embêté"...
2. Après avoir pris un peu de distance et relativisé la situation, vous pouvez l'amener à réfléchir : "Qu'est-ce qui s'est passé ?"," Que voulais-tu faire ?".
3. Développez l'empathie : "Que penses-tu que ta soeur a ressenti à ce moment là ?" , "Est-ce que ton camarade était bien après ?", "Te souviens-tu quand tu es rentré de l'école la semaine dernière et que tu pleurais car ton ami t'avait embêté ?", "Comment étais-tu à ce moment là ? Que ressentais-tu ?"
4. Expliquez lui que la parole libère et que le pardon permet de passer "par dessus" les comportements même les plus embêtants. Qu'il permet un retour de l'amitié, de la fraternité ou de l'amour.
5. Posez lui la question : "Que pourrais-tu faire pour que ton copain ait moins de peine ?" Dès 4 ou 5 ans, l'enfant trouvera les bons gestes pour témoigner de ses regrets : un câlin, un bisou, un dessin, un goûter partagé... A partir de 7 ans, l'enfant peut présenter ses excuses en comprenant le sens des mots : "Je te demande de m'excuser, je ne recommencerais plus, j'aimerai que l'on reste ami". Il peut aussi lui écrire un petit mot.
6. N'hésitez pas aussi à demander pardon à votre enfant lorsque les mots ont dépassés vos pensées.
"Oubliez les excuses immédiates et surtout en public ! Prenez le temps de revenir sur la situation et d'échanger avec l'enfant". Marie Costa
Petite histoire pour aider le jeune enfant à comprendre le sens du pardon.
Quand on a un frère, une soeur ou un meilleur ami on a envie de jouer avec lui. De lui raconter pleins de choses, de lui confier des secrets ! Mais si nous nous faisons de la peine ou mal, un fossé se creuse entre nous. On se retrouve séparé, chacun d'un côté. On peut bouder longtemps et resté fâché chacun de notre côté. On peut même penser à se venger !
Mais on s'empêche aussi de vivre des bons moments : de jouer et de rire ensemble !
On se prive de son frère, sa soeur ou de son meilleur ami... et au fond on est tous les deux punis.
Pardonner ce n'est pas oublier ce qui s'est passé
Ce n'est pas "s'écraser ou se rabaisser"
Pardonner c'est comme créer un nouveau pont entre lui et moi, c'est comme créer un nouveau chemin.
Pardonner c'est se réconcilier et jouer à nouveau ensemble !
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