Les colères… et si on en parlait ?
Tous les enfants (et leurs parents quand ils étaient petits) ont tapé du pied, piqué une crise lorsqu’on leur refusait quelque chose, claqué la porte lorsque le parent reprenait la tablette ou l’ordinateur…
N’imaginez surtout pas qu’ils sont conscients de toutes ces effroyables émotions qui les déboussolent et les font voir rouge. Leur capacité à raisonner est alors toute petite tellement l’émotion prend toute la place. Le cerveau de votre enfant est un chantier en pleine construction.
La colère est une émotion naturelle qu’il est important de ressentir de temps en temps. Elle agit comme un signal d’alarme qui réagit lorsque quelque chose ne va pas.
Pourquoi mon enfant est-il en colère ?
La colère peut aussi cacher d’autres émotions comme de l’impuissance lorsque l’enfant ne réussit pas à faire quelque chose.
Elle peut s’accompagner d’un sentiment d’injustice, de révolte et peut se manifester par de la bouderie, des cris, des pleurs…
Mais elle peut aussi révéler une grande tristesse, un sentiment de honte ou de ne pas être compris.
Certaines colères se produisent après une accumulation de tension en fin de journée, la fatigue, un élément imprévu peut déclencher une véritable crise.
Entre 2 et 4 ans, l’enfant va dire très souvent NON. Il a envie de décider, de refuser toute petite contrainte, et de mesurer les réactions des adultes.
Apprendre à l’enfant à gérer cette tempête émotionnelle va vous demander de la patience, de la fermeté, de l’empathie, du recul, de l’analyse, de l’humour…
Voici quelques conseils pour vous aider :
Ne montrez pas votre inquiétude, votre énervement (même si cela n’est pas tout le temps facile) face aux manifestations de colère de votre enfant. Il doit comprendre que vous êtes là pour lui apporter de la sécurité et du réconfort. Ne vous laissez pas à votre tour emporter par la colère : des paroles fermes et calmes ont plus d’impacts que des cris ou des menaces.
1. L’enfant a moins de trois ans
Quand on est tout petit on a souvent besoin de s’exprimer très fort pour compenser. On pense aussi avoir le pouvoir de faire tout ce que l’on décide.
La première astuce est de détourner son attention. Aux premiers signes de tension vous pouvez le distraire en lui montrant autre chose, en lui proposant une autre activité.
Ecouter la colère de son enfant : Observer ce qu’il fait, dit et tentez de comprendre. Lorsque le parent essaye de décrypter les émotions de son enfant, ce dernier se sent rassuré et il parvient plus facilement à se calmer. Vous pouvez imaginer l’objet de la dispute, la raison de la colère, le sens des paroles prononcées… et le dire à l’enfant. Il suffit souvent de manifester sa compassion par quelques mots bien choisis.
Lorsque la colère pousse l’enfant à taper, pousser, mordre un autre enfant, il est important de lui dire "Lorsque tu tapes, cela fait mal", "je ne veux pas que tu pousses ton copain" sans ajouter de jugement négatif comme "C’est vilain, tu es méchant". Mettre des mots sur les gestes permet à l’enfant d’apprendre que l’on peut s’amuser sans taper ni crier.
Chercher une autre solution pour sortir seul de sa colère. Votre enfant refuse de manger car le plat est trop chaud ; il ne veut pas s’habiller car il n’aime pas la couleur de ses chaussettes … Il peut être utile de l’aider à trouver seul une solution à sa contrariété. On peut souffler sur un plat trop chaud, couper les aliments en petits morceaux, attendre un petit moment avant de manger… l’enfant écoute et choisit parmi les solutions proposées.
S’il dit non à tout, utilisez d’autres mots pour lui demander de cesser un comportement inadapté : Stop, ça suffit, je ne suis pas d’accord, ceci n’est pas permis…
Quelques gestes apaisants peuvent aussi faire retomber la colère. Le prendre dans ses bras, souffler doucement sur son visage, lui faire prendre un bon bol d’air frais, lui proposer de mettre un peu d’eau sur son visage…
Chanter, bercer, danser, respirer profondément ensemble… peuvent aussi calmer, rassurer et détendre l’atmosphère après une grosse crise. Les câlins et les mots doux permettent à l’enfant de mieux sortir de situations difficiles.
2. L’enfant entre 3 et 6 ans
L’attitude du parent peut être déterminante lorsqu’un enfant montre sa colère : je ne suis pas content mais je reste calme, je ne discute pas mais je ne cède pas. Le parent montre qu’il n’est pas d’accord avec l’enfant mais qu’il reste maître de ses émotions.
Préparer l’enfant à ce que l’on attend de lui permet aussi de limiter les oppositions, les plaintes et les refus. Vous avez repéré que votre enfant ne voulait pas quitter le toboggan lorsque vous l’appeliez pour rentrer à la maison ? Qu’il se disputait systématiquement avec son frère pour avoir le même jeu ? Qu’il refusait de prendre sa douche et poussait des cris stridents lorsque vous le lui rappeliez ?
Anticipez les situations qui ont tendance à se reproduire. Choisissez un moment calme pour vous asseoir près de lui et pour lui expliquer ce que vous attendez de lui. «A 16 H 30, je viendrai te prévenir qu'il sera l'heure de rentrer à la maison et tu pourras faire encore deux tours de toboggan avant de quitter le square » Regardez votre enfant et demandez lui de vous redire avec ses mots votre attente. Il peut ainsi se souvenir qu’il aura droit de faire deux derniers tours de toboggan et qu’ensuite il vous rejoindra sans contester. N’oubliez pas de le féliciter d’avoir bien compris ce que vous attendiez et de lui dire aussi votre satisfaction s’il ne conteste plus votre nouvelle règle. Vous pouvez également lui rappeler les consignes avant d’entrer dans un magasin, d’aller chez les amis, de sortir les jeux pour jouer avec sa sœur… Utilisez les formules positives « On se déplace en marchant », « On parle doucement », «On dit bonjour à la vendeuse en arrivant »…
Au moment de la colère, utilisez des mots brefs, clairs et précis pour exprimer votre désaccord : « Je ne suis pas d’accord, ça c’est interdit… c’est dangereux ». Le parent reste calme mais il indique avec une vraie conviction ce qui n’est pas acceptable.
Créer un espace pour exprimer sa colère : l’enfant peut hurler sur un coussin, taper dans un punching-ball, gribouiller son mécontentement, malaxer une balle anti-stress, marcher le long d’un couloir ou courir dans le jardin…
Revenir calmement sur ce qui vient de se produire : Lors d’un moment calme, prendre le temps de réfléchir avec l’enfant sur une situation compliquée de la journée. « Qu’est-ce qu’il aurait été préférable de faire pour que l’on termine bien la journée ensemble ? » « Tu étais très fâché lorsque ta sœur t’a pris ton jeu, si cela se reproduit, que peux-tu faire au lieu de crier et de la taper ? » Faire le point sur les raisons de vos contrariétés montre aussi à l’enfant qu’il a la possibilité de se tromper pour apprendre, et qu’il peut envisager d’autres manières d’agir.
Féliciter, encourager : le feed-back positif est un des meilleurs remèdes contre la colère et l’opposition. Vous remarquez les points forts de l’enfant. Il aura tendance à poursuivre ses efforts et il attirera l’attention positivement.
3. L’enfant entre 6 et 10 ans
Entre 6 et 10 ans, les colères peuvent êtres étouffées ou refoulées. Le stress de la journée, les difficultés à l’école, les relations parfois conflictuelles avec
les copains… peuvent se traduire par des crises de larmes, des insultes, des colères… en rentrant le soir à la maison.
L’enfant peut aussi ressentir une colère contre lui-même, il ne se sent pas à la hauteur, il n’a pas été capable, il a eu une mauvaise note…
Tenter de débloquer la situation en proposant à l’enfant de revenir sur les meilleurs et les pires moments de la journée en utilisant l’imaginaire et le jeu.
« Si tu avais une baguette magique, qu’est-ce que tu modifierais dans ta journée ? »
Proposer à l’enfant des missions : pour oser prendre la parole, pour ne plus bousculer les autres à la récréation, pour attendre son tour… Expliquer à l’enfant qu’il ne peut pas modifier le comportement des autres mais qu’il peut adapter le sien. Vous pouvez également le calmer en lui posant des questions : «Ton copain t’a traité de nul, mais est-ce que tu te crois qu’il dit la vérité ? »
Prendre le temps d’échanger avec son enfant sur ce qu’il vit dans le groupe permet aussi de l’aider à prendre de la distance sur les paroles et les actions des autres. L’empathie (la capacité à se mettre à la place de l’autre pour tenter de comprendre ce qu’il éprouve) joue un rôle important dans l’apaisement de la colère.
La frustration, la peur de la séparation, l’angoisse du changement ou de la nouveauté, l’anxiété, la solitude, l’ennui, le rejet, l’humiliation… peuvent être à l’origine de la colère. Tentez d’identifier d’où elle provient, de listez avec l’enfant toutes les autres possibilités d’actions ou de paroles, essayez de trouver avec lui toutes les solutions non violentes. Expliquez-lui pourquoi vous refusez qu’il insulte, tape, ou ait des propos grossiers. Proposez-lui de réparer, de s’excuser. Enfin, soulignez ses efforts pour contenir sa colère en marquant votre approbation et votre contentement... sans oublier beaucoup d'amour et de tendresse pour passer ces caps difficiles.
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