La colère est une émotion nécessaire et naturelle qu’il est important de ressentir de temps en temps. C’est un signal d’alarme qui nous aide à réagir quand quelque chose ne va pas.
Apprendre à l’enfant à tempérer cette émotion qui le submerge, savoir rester calme et gérer tant bien que mal ces périodes de crise : voilà un rôle pas facile pour les parents.
La colère comment ça marche ?
Comme tout processus émotionnel, la colère s’accompagne de changements physiologiques : le taux d’adrénaline augmente, le cœur bat plus vite, le rythme respiratoire s’intensifie…
Ces modifications perturbent l’enfant qui ne sait plus communiquer autrement que par des cris ou des pleurs.
La colère s’accompagne souvent d’un cortège d’émotions : l’impuissance, la rage, la rancune, la révolte, le sentiment d’injustice ou de frustration.
Elle peut aussi masquer d’autres émotions comme la tristesse ou le sentiment de ne pas être compris, la honte de ne pas être à la hauteur…
Le cerveau de votre enfant est un chantier en pleine construction, il prend conscience qu’il est une personne à part entière. Il s’oppose et montre qu’il veut faire tout seul. Malheureusement, il n’y arrive pas aux premières tentatives et les échecs lui procurent une frustration immense.
A chaque âge sa colère...
Mieux connaître les processus émotionnels vous permettra d’aborder avec davantage de recul et de sérénité les changements d’humeur de votre enfant.
1-2 ans
L’enfant n'a pas les mots pour s'exprimer, il réagit aux émotions par l’expression physique : taper, griffer, crier, mordre.
2-3 ans
Il se confronte à l’autorité de ses parents en disant non à tout. Les colères sont une étape normale et essentielle à son développement affectif et social.
3-4 ans
Il commence à exprimer verbalement ses contrariétés. Il peut aussi comprendre les raisons d’un interdit
4-5 ans
Il peut dire des gros mots lorsqu’il est en colère, il aimerait avoir « tout et tout de suite »
6-7 ans
Il s’affirme en ayant une réponse à tout. Il commence à contenir ses émotions.
8-10 ans
Il découvre peut découvrir les premières oppositions à la vie en collectivité. Il peut aussi s’opposer à ses parents et donner son propre avis.
L'enfant ne gère pas sa colère parce que :
- la fatigue s'est accumulée
- la frustration est trop forte
- il sent des tensions chez ses parents ou autour de lui
- son estime de lui est fragilisée
- il a vécu une émotion trop forte qu'il n'a pas pu exprimer
- il ressent une injustice
- une chose insignifiante pour nous est très importante pour lui
- il n'a pas été prévenu
- on a changé de règle en cours de route ou d'avis sans explications
- c'est physiquement intenable (musée, voiture, salle d'attente)
Conseils et astuces pour accompagner les colères de l’enfant
1. Si votre enfant a moins de trois ans, aux premiers signes de tension, vous pouvez détourner son attention par un autre jeu ou une parole rassurante pour l’aider à ne pas se laisser gagner par la colère.
2. « Oui, tu as le droit d’être en colère ! »
Le parent se met à l’écoute des émotions de son enfant. Dans un premier temps, il observe ce qui se passe et tente de comprendre. Il peut dire à son enfant que tous ses désirs ne peuvent pas être satisfaits mais qu’il comprend sa frustration.
« C’est la fin du goûter, Arthur 2 ans hurle lorsqu’il voit son grand frère Hugo prendre le dernier gâteau. Arthur explose de colère, hurle qu’il veut un autre gâteau. Sa maman tente de l’apaiser en s’approchant de lui, en le regardant et en lui disant : « Tu aurais préféré qu’Hugo partage le dernier gâteau au lieu de le manger, tu es très contrarié maintenant ». Comprendre les émotions qui animent votre enfant et utiliser l’écoute empathique aide à faire retomber la tension. L’enfant entend que vous comprenez son mal être.
3. Ne le laissez pas taper sur les objets, proposez lui des choix limités entre deux options pour qu’il puisse s’exprimer autrement qu’en frappant.
4. Lorsque les tensions de la journée s’accumulent, l’enfant peut éprouver des colères de détresse avec des spasmes, des sanglots. Quelques petites astuces peuvent fonctionner : vous pouvez souffler doucement sur le visage de l’enfant, lui caresser les cheveux, ou lui faire prendre un bon bol d’air frais. Rassurez-le et détendez l’atmosphère, en chantant une petite comptine ou en le berçant.
5. Ne lui montrez pas votre inquiétude face à ses grosses colères. Il doit comprendre que vous êtes là pour lui apporter sécurité et réconfort.
6. Proposez un endroit ou une boîte pour la colère. Cette dernière peut contenir une balle en mousse que l'enfant peut presser, un crayon et une feuille pour dessiner ou gribouiller sa colère, un papier à froisser ou à déchirer, un coussin à taper...
7. Si votre enfant dit non à tout, préférez des réponses avec « oui après… stop… ou ça suffit.
8. Les câlins, les mots de réconfort après une grosse colère, c’est important. Ces expériences douces serviront à l’enfant dans les moments difficiles de sa vie. Lorsque l'atmosphère est plus détendue, prenez le temps de mettre des mots avec lui sur ce qu'il a vécu.
9. Ne vous laissez pas à votre tour gagner par la colère : des paroles fermes mais calmes ont plus d’impact que les menaces. Ne vous laissez pas impressionner : vous êtes l'adulte face à un petit et sa colère n'est pas grave.
10. Permettez lui de réparer afin qu'il évite la culpabilité après la colère. Un livre déchiré peut être recollé, une personne blessée par des mots peut recevoir une demande de pardon.
Ce qui est important c'est que votre enfant se sente entendus, rejoins et compris. Encourager son enfant c'est l'accompagner et porter un regard sur les progrès même minimes, c'est lui montrer sans exagération qu'il est capable d'avancer et qu'il agit pour lui-même. Notre intelligence émotionnelle peut s'enrichir toute notre vie, nous pouvons accompagner l'enfant à accueillir ses émotions, à les identifier et à les comprendre afin de s'apaiser.
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