"Voilà le problème, je n'ai pas toujours la patience et l'énergie de faire obéir Lou. Alors je me réfugie dans des méthodes comme : « si tu ne fais pas la sieste, pas de Barbapapa… »
Le truc, c'est que ça marche. Mais je me sens un peu nulle. Par exemple, elle devrait aller à la sieste sans faire d'histoire parce que je le dis et que c'est comme ça. Quelque part, ça me met mal à l'aise de négocier et marchander en permanence. »
Sophie, maman de Lou 3 ans
Quel est l’intérêt de supprimer le chantage dans l’éducation des enfants ?
Le chantage est un sujet sans doute un peu sensible. On parle éducation, mensonge, bêtises, caprices, d’interdits, mais pas de chantage. Pourtant il est vieux comme le monde et depuis le XVII e siècle, l’expression « faire du chantage » signifie « faire obéir, faire agir quelqu’un comme on veut ». Dans les relations familiales, ce système de communication est parfois présent.
Les récompenses du type « Si…alors » sont rarement efficaces car les enfants ne se mettent pas en mouvement pour eux-mêmes dans ce cas, mais pour :
- Faire plaisir,
- Ne pas décevoir,
- Avoir la paix
- Recevoir une récompense.
On peut alors facilement tomber dans un système de punition, de chantage, voire de menaces. L’enfant obéira peut-être sur le court terme mais les « si…alors » ne participent pas à l’émergence d’un jeune acteur de sa vie, sachant s’engager en responsabilité individuelle et se mettre en mouvement pour ce qui lui tient à cœur.
Voici 4 alternatives au chantage :
- Les compliments descriptifs : Encourager l’enfant en lui disant tout ce qu’il fait de bien ou dans la bonne direction au lieu de lui faire du chantage. L’enfant devient plus coopératif et il se sent mieux car il est moins réprimandé. Il reçoit plus de sourires et de mots encourageant. Cela va l’aider à développer une meilleure estime de soi, une maturité et de l’autonomie.
- L’amour, l’attention et l’écoute empathique apportent à l’enfant de la considération, de l’écoute et une sécurité émotionnelle et affective. Il apprendra à son tour à verbaliser sans violence ses besoins ou ses émotions.
« Je comprends que tu sois en colère de devoir éteindre la tablette car tu aimes beaucoup jouer à ce jeu. » au lieu de « Je coupe la wifi si tu continues de jouer sur la tablette » l'écoute emphatique aide l’enfant à mieux accepter les moments de transitions.
- Vous pouvez proposer à l’enfant un choix limité « Tu préfères te laver les dents maintenant ou après avoir mis ton pyjama ? » au lieu de lui dire « Lave toi les dents tout de suite, si tu traines je ne te raconterai pas d’histoire ce soir ». En proposant des choix limités, l’enfant sent que son avis compte, il s’habitue à prendre des décisions et il s’engagera d’autant mieux dans les actions.
- Préparez l’enfant à ce que vous attendez de lui. Anticipez les oppositions, les réticences, les difficultés. L’une des principales raisons du refus des enfants est qu’ils ont souvent l’impression que nous leur donnons brusquement des ordres auxquels ils ne sont pas préparés. Les enfants ne sont pas capables de faire rapidement la transition et de passer d’une activité à la suivante par exemple. En tant que parent, nous avons un programme, nous pensons à ce que nous devons faire « après ». L’enfant, lui vit le moment présent. Voilà pourquoi ils répondent « Non » ou « Mais pourquoi ? ».
Ce qu’on appelle généralement opposition ou « caprice » fait uniquement référence au fait que l’enfant manifeste ce qu’il souhaite. L’enfant n’est pas encore capable de se raisonner, la zone du cerveau qui permet à l’adulte d’apaiser ses colères n’étant pas encore mature. Il ne s’agit ni de caprices, ni d’un trouble pathologique du développement mais la conséquence d’une immaturité normale de son cerveau.
Utiliser le chantage peut aussi discréditer le parent. En annonçant que le Père Noël ne passera pas, êtes-vous certain que cela va bien se passer comme vous le dites ?
Bien sûr, comprendre son enfant, l'aimer, ne veut pas dire céder à toutes ses envies et à toutes ses impulsions. Dire non, lui transmettre des valeurs et lui donner des limites passent d’abord par notre attitude. Les parents sont un modèle pour lui. Les limites doivent donc lui être données tranquillement, sans chantage et sans jamais lui faire peur.
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